25 July 2017 | State House.
Discours du Président Danny Faure à L’Assemblée Nationale
mardi, le 25 juillet, 2017
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale
Honorable Chef de l’Opposition
Honorable Dirigeant des Affaires du Gouvernement à l’Assemblée
Honorables Députés
Chers Frères et Sœurs du peuple Seychellois
Bonjour!
Monsieur le Président, c’est un grand plaisir pour moi de m’adresser aujourd’hui à la Chambre. Aussi voudrais-je commencer cette allocution, par vous dire que notre cohabitation se porte bien et marche à merveille. L’important, à cet égard, étant d’être toujours animé de la même volonté de travailler ensemble pour les Seychelles et tous les Seychellois. Comme dirigeants respectueux de la volonté du peuple seychellois, nous sommes en train d’honorer le ‘’leadership’’ nécessaire afin que les Seychelles puissent aller de l’avant. C’est le lieu pour moi de saluer le rôle que joue l’Assemblée Nationale pour approfondir la démocratie aux Seychelles.
L’Assemblée apporte son soutien à nos efforts communs visant à obtenir plus de transparence, assurer la reddition des comptes et la bonne gouvernance dans le pays.
Le niveau de transparence et de reddition des comptes que l’Assemblée Nationale est en train de stimuler, renforcera sans aucun doute le travail des ministères, départements et autres institutions. Et contribuera du coup à l’efficacité du gouvernement.
En résultat, ce dernier deviendra plus efficace, plus inclusif et plus juste. Ce qui profitera au peuple tout entier.
Monsieur le Président, le rôle des ministres est d’édicter les principes directionnels en matière politique et d’assurer le développement des infrastructures. Ils sont chargés aussi d’apprécier et d’évaluer la performance des structures et organismes qui relèvent de leurs compétences. En revanche, les agences, sociétés/compagnies, les entreprises publiques et l’autorité de régulation, reçoivent les directives de leur Conseil d’Administration respectif. Ce qui implique que le Chef Exécutif reçoit son mandat du Conseil d’Administration. C’est dire, qu’en vertu des principes de bonne gouvernance, le ministre n’a pas licence à gérer quelque peu que ce soit les agences, compagnies, entreprises publiques et autres autorités de régulation. Nous n’avons pas à nous ingérer dans leurs opérations et activités. Le Gouvernement, par le biais des Ministres, indique par écrit la politique à suivre au président du Conseil d’administration qui la discute avec les autres membres du Conseil, pour en assurer la mise en œuvre.
Un des nouveaux principes que j’ai introduits consiste à choisir des citoyens appartenant au secteur privé ou à la société civile pour diriger ou être membres des Conseils d’administration des agences, entreprises publiques et autres autorités de régulation. Cette nouvelle approche vient en droite ligne de la politique visant à créer un gouvernement plus inclusif et pour offrir la chance à nos citoyens de jouer un rôle important dans le développement du pays.
Toutefois, pour ce qui concerne les investissements, toutes les entreprises publiques et autorités sont tenues de solliciter l’approbation préalable du Ministère des Finances qui a la responsabilité de mesurer l’impact et les risques éventuels qu’ils représentent pour l’économie et le budget national. Tout cela fait partie d’une série de nouvelles règles qui doivent être suivies.
Monsieur le Président, en vertu des règles de transparence, nous avons aussi décidé, qu’à partir du mois d’Aout, tous les appels d’offres seront radiodiffusés. Car il est important que les citoyens soient informés de l’objet de nos appels d’offres et de soumissionner s’ils en éprouvent le désir.
Il y a cinq ans de cela depuis que le gouvernement a demandé à IDC de prendre part aux activités de construction immobilière. Le gouvernement pense maintenant que le moment est venu pour qu’IDC mette fin à ces activités afin de se concentrer sur sa mission première qui est d’assurer le développement des iles. La compagnie a jusqu’à la fin de l’année prochaine pour mettre un terme à cette activité de construction immobilière.
Monsieur le Président, nous avons devant nous la tâche de porter les amendements nécessaires aux lois de régulation des institutions, autorités, agences et autres, afin qu’elles reflètent les nouveaux principes de bonne gouvernance. A titre d’exemple, notre loi sur les « marchés publics » prévoit un recours en appel au cas où un soumissionnaire n’est pas d’accord avec la procédure suivie ou le résultat de l’appel d’offres. Dans le même ordre d’idée, le gouvernement se propose de faire des amendements aux autres lois afin qu’y figure cette disposition du recours à l’appel. Ceci afin de promouvoir le principe de reddition des comptes et de la bonne gouvernance.
Monsieur le Président, l’Autorité de Nomination aux postes constitutionnels, a recommandé la nomination de plusieurs individus conformément à la Constitution et aux lois en vigueur. Au préalable, elle avait publié dans la presse des appels à manifestation d’intérêt. Et plusieurs citoyens y ont répondu. Dans le document final qu’elle m’a ensuite soumis, j’ai noté qu’elle avait auparavant organisé des entretiens d’embauche avec tous les candidats. Et c’est au terme de ces entretiens qu’elle m’a transmis ses recommandations. Conformément à la Constitution, aux lois en vigueur et à l’esprit de collaboration qui existe, j’ai consulté le Chef de l’Opposition, avant de prendre une décision finale.
Le Gouvernement est sur le point d’achever la rédaction d’un projet de loi relatif à la nomination des responsables à certains postes administratifs. Tous les postes vacants seront désormais publiés et radiodiffusés. Les nominations à ces postes seront faites par la nouvelle Commission du Service Public, le pays disposant de cadres Seychellois compétents auxquels nous devons donner la chance et faire confiance.
Monsieur le Président, grâce à la transparence, la bonne gouvernance et la reddition des comptes, nos institutions gagneront en indépendance et en autorité. Il est donc nécessaire que tous nos citoyens soient formés et informés du rôle de nos diverses institutions et autorités. Forts de ces connaissances et autres éléments d’information, ils seront ainsi bien placés pour jouir de tout ce que l’Etat met à leur disposition. Dotés des connaissances et informations nécessaires, il n’y aura plus de place à la confusion.
Monsieur le Président, nos citoyens aussi ont un rôle à jouer dans la promotion des principes de transparence, de reddition des comptes et de la bonne gouvernance. Tout citoyen qui a une plainte à faire ou qui détient la preuve d’une action malhonnête, de corruption, équivoque, d’abus de pouvoir, de violation de la loi, de violation ou d’abus de droit humain doit, sans aucune crainte, saisir les institutions ou l’autorité compétentes en la matière afin que justice soit rendue.
Monsieur le Président, suite à la décision de la Cour d’Appel du 7 décembre 2012, nous allons instituer un Tribunal Administratif chargé de se pencher sur tous les cas de compensation de domaine foncier conformément à la Constitution, précisément dans sa Partie 3, Annexe 7.
Dans le même contexte, j’ai décidé de créer deux Tribunaux Spéciaux qui examineront les compensations liées aux abus qui ont eu lieu dans le passé dans l’armée, et par des militaires, abus dont certains de nos citoyens ont pu être victimes. Il en sera de même des abus dans la Police et par la Police. Car mon vœu est de clore définitivement ce chapitre.
Nous avons le Médiateur, la Commission Anti-corruption, la Police et la Commission des Droits de l’Homme. En ce qui concerne la Police, il ne nous revient pas de la chapeauter. Il n’est pas du rôle du Ministre de s’occuper du fonctionnement de la Police. La Constitution est précise quant au rôle du Commissaire de Police.
La population attend de la Police qu’elle fasse son travail en accord avec la loi et que les préoccupations des citoyens reçoivent l’attention requise. Je sais que la Police a, à cet égard, un grand défi devant elle.
Le Gouvernement a récemment sollicité l’appui technique du gouvernement anglais pour faire un audit complet du service chargé de l’investigation à la Police, ce afin de le hisser au niveau qu’il mérite d’être. Nous avons également décidé d’investir l’année prochaine dans un laboratoire médico-légal.
Le rôle du Commissaire de Police est d’assurer le fonctionnement de la Police et d’élever le niveau de professionnalisme de son service afin de gagner la confiance du peuple seychellois.
Monsieur le Président, la bonne gouvernance, la transparence et la reddition des comptes s’appliquent également aux entreprises privées, à la société civile et aux partis politiques. Il est important que dans notre société, ces principes soient promus et prévalent au niveau de nos institutions économiques, sociales, civiques et politiques. Si chacun de nous s’investit dans le développement de ces principes au niveau de nos organisations et institutions, nous contribuerons tous au renforcement de la transparence, la reddition des comptes et la bonne gouvernance.
La gouvernance de la Commission Electorale s’améliorera lorsque l’Assemblée approuvera la nouvelle loi qui sépare le Président de la Commission et le Chef Exécutif de la Commission.
Monsieur le Président, j’estime que le moment est venu d’instituer un Fonds Spécial Elections Présidentielles et Législatives. Ce fonds sera alimenté tous les ans par le budget national et il servira à financer les dépenses de campagne des candidats. Il relèvera de la Commission Electorale. La création d’un tel fonds contribuera à obtenir plus de transparence et favorisera la reddition des comptes des dépenses de campagne. Sans compter qu’il contribuera à mettre tout le monde sur le même pied d’égalité. Si cette proposition obtient l’assentiment de la Commission Electorale, elle sera l’objet d’un projet de loi qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée Nationale.L’avenir des Seychelles ne doit être soumis au diktat de l’argent d’aucun secteur économique. C’est le peuple seychellois qui doit décider de la direction politique de son pays.
Monsieur le Président, une de mes principales préoccupations actuelles, c’est comment venir en aide à notre population dont la durée de vie a augmenté. En 2016, pour la première fois dans notre histoire, la durée de vie moyenne de la femme a atteint les 80 ans. Tandis que celle de l’homme frôle les 70 ans.
Face à cette réalité, nous ne pouvons songer à la soutenabilité, sans penser en même temps à nos responsabilités. Vis-à-vis de nous qui sommes encore en service, quelle sera la responsabilité de la génération montante ? Qui aura la responsabilité de prendre soin de nous demain ?
Ceci m’amène à parler de la pension de retraite ou de vieillesse. Comme vous le savez, la pension de retraite à laquelle tout citoyen a droit à l’âge de 63 ans, est financée par le budget national. Son montant est de 5050 roupies par mois.
Tout citoyen qui a contribué au Fonds de pension peut faire valoir son droit à l’obtention de la pension à l’âge de 60 ans, en proportion avec sa contribution.
Monsieur le Président, en raison du fait que la durée de vie de la population a augmenté, le Gouvernement estime que le moment est venu de préparer notre population à un recul de l’âge de la retraite. Nous estimons qu’un préavis de 5 ans serait bien indiqué pour la préparer. C’est en ligne avec cela que le gouvernement se propose d’apporter avant la fin de l’année, un amendement à la loi qui fera reculer l’âge de la retraite de 63 à 65 ans. Et cela prendra effet à compter du 1er Janvier 2023.
L’autre amendement que l’on se propose d’apporter à la Loi du Fonds de Pension consistera à changer de 60 à 63 ans, l’âge auquel tout citoyen pourra faire valoir son droit à la retraite. Cela également entrera en vigueur à compter du 1er Janvier 2023.
Ceci est très important si nous voulons faire face à la question de soutenabilité que cette situation impose.
Ce sont là des décisions qui s’imposent à nous en tant que pays, et que nous devons prendre dans l’intérêt des Seychelles.
L’amendement de la loi est juste une partie de la solution. Car une population avec une longue durée de vie entraine aussi une hausse des besoins dans les domaines de la santé, les programmes d’assistance à domicile, le logement, les transports, les facilités de loisirs, etc. La question que nous devons nous poser, c’est comment nous allons soutenir tous ces divers services et programmes.
La solution est pourtant avec nous, le monde des travailleurs seychellois. C’est nous qui contrôlons le destin de notre pays. Le Destin des Seychelles est dans nos mains. Nous sommes un petit pays au milieu de l’océan, avec une population de moins de 95 000 habitants. Nous vivons aujourd’hui en harmonie entre frères et sœurs. Nous devons donc continuer à nous unir, augmenter la productivité nationale, renforcer la discipline dans toutes les facettes de notre vie, et prendre toutes nos responsabilités au niveau de la famille. Telle est la solution, d’abord pour cet enfant qui est en train de grandir, ensuite pour nous qui travaillons encore, et finalement pour nos personnes âgées qui doivent vivre une vie de retraite digne.
Monsieur le Président, il y a une tâche énorme et une grande responsabilité qui reposent sur les épaules de la génération montante. C’est elle qui constitue la prochaine force de travail qui doit prendre soin des Seychelles et de toute la nation.
Notre avenir est tributaire de ce que nous investirons en elle afin qu’elle devienne ce que nous aurions voulu qu’elle soit. Nous sommes le monde du travail d’aujourd’hui, et nous devons injecter notre énergie dans cette génération et redoubler d’efforts afin de prendre soin avec la génération plus âgée que nous qui, en son temps, avait pris soin des Seychelles et nous avait bercés.
Monsieur le Président, qu’est ce qui va changer?
A partir de Janvier 2018, le système éducatif sera reformé afin que l’école devienne une institution qui a plus de prise sur l’éducation des élèves et étudiants. Le ou la directrice d’école et son équipe auront un total contrôle sur le fonctionnement et l’administration de l’école, y compris les décisions disciplinaires à prendre. L’époque où l’on jouait l’un contre l’autre, ministère, écoles, parents, enseignants et élèves, est finie. J’ai mon propre enfant qui est à l’Ecole secondaire de Beau Vallon. Il sait bien ce que l’école attend de lui et les conséquences d’une infraction aux règles. Je ne m’interfère dans aucune façon, ni comme parent, ni comme Président. C’est l’école qui est souveraine.
En plus de l’autonomie, les écoles seront aussi dotées des ressources et outils nécessaires pour faire leur travail. L’époque où nous nous ingérions dans le fonctionnement de l’école est finie. L’administrateur de l’école recevra ses directives du Conseil de l’Ecole.
Tous les établissements post secondaires auront aussi à gérer leur budget et auront un contrôle direct sur leur administration.
En tant que parents, nous devons comprendre qu’à partir du moment que notre enfant vient sur la terre, nous sommes son premier éducateur. Et quand il va à l’école, nous devons continuer à veiller sur lui, à participer à son développement, et apporter notre appui aux enseignants et à l’administration de l’école qui l’encadrent.
Nous devons aussi faire attention aux remarques, commentaires et vidéo que nous postons sur les réseaux sociaux. En le faisant, nous contribuons ainsi, sans nous en rendre compte, à semer la mauvaise graine qui empoisonnera l’esprit de nos enfants et de nos jeunes pendant leur tendre enfance. Nous partageons une responsabilité collective pour ce qui est de la promotion et l’inculcation des bonnes valeurs morales et spirituelles en nos enfants et dans la jeunesse.
Chers Enfants, jeunes Seychellois, profitez des opportunités qui sont à votre disposition pour apprendre, apprendre et apprendre. L’avenir des Seychelles et de notre peuple dépend ce que vous ferez aujourd’hui et de ce que vous deviendrez demain.
Monsieur le Président, d’après les récentes statistiques à notre disposition, notre économie est forte d’une masse de travailleurs de 45 684 employés. Le taux de chômage durant la même période est de 4,67%. Des 45 684 employés, près d’un tiers sont des travailleurs étrangers, 1 328 dans le Secteur public et 13 213 dans le Secteur privé.
Ceci nous indique que notre économie aura du mal à fonctionner facilement sans l’apport de travailleurs étrangers.
Mais ce dont je reste convaincu, Monsieur le Président, c’est qu’il est important que le Gouvernement redouble d’efforts pour aider les Seychellois à franchir les échelons dans les emplois qu’ils occupent actuellement. Les mécanismes susceptibles de nous aider à parvenir à cet objectif sont variés, selon les compagnies et les secteurs. Mais grâce aux Départements de l’Emploi et de l’Immigration qui relèvent désormais d’un même Ministère, le travail sera un peu aisé. Je reste convaincu qu’il sera à même de faciliter le transfert de connaissances des travailleurs étrangers vers leurs homologues Seychellois. Ainsi, avec le temps, les Seychellois accèderont aux postes élevés et assumeront plus de hautes responsabilités dans les différentes entreprises établies dans le pays.
Monsieur le Président, cela fera dix ans l’année prochaine, une décennie en d’autres termes, que les Seychelles auront engagé une réforme profonde de son économie. Tout au long de ces années, la croissance économique a été d’environ 4% en moyenne, par an, et il y a eu la stabilité macro-économique. Notre réserve en devises étrangères a augmenté, la dette a été réduite, et le budget équilibré. Nous sommes devenus, selon la classification de la Banque mondiale, le premier pays de l’Océan Indien à accéder au statut de pays à haut revenu.
Cependant nous devons reconnaitre, Monsieur le Président, que cette croissance n’a pas atteint toutes les couches de la population et tous les secteurs, à l’image du secteur de l’agriculture. Le niveau de développement des infrastructures varie aussi, selon les districts.
Au niveau de la population, la qualité de la vie varie également selon les couches. Dans chacun des districts que j’ai pu visiter jusqu’à présent, il m’a été donné de constater un réel développement dans certains, mais aussi la pauvreté réelle dans d’autres.
C’est dire, Monsieur le Président, que la croissance doit être désormais inclusive. Le développement doit l’être également, car aucune couche de notre population ne mérite de rester à l’abandon. La dignité de chacun de nos citoyens doit, à tout prix, être préservée.
Monsieur le Président, cela fera exactement cinq ans l’année prochaine, depuis que l’Assemblée Nationale a approuvé la Loi d’encadrement des rémunérations dans le Secteur public. Le temps est venu de faire son évaluation afin d’en dégager les mérites et les insuffisances afin d’y apporter, au besoin, les correctifs qu’elle requiert.
Monsieur le Président, le niveau des taux d’intérêt des emprunts à la banque est une préoccupation que nous partageons tous. La décision de la Banque Centrale de réviser la façon de mettre en œuvre la politique monétaire aura à l’avenir un impact positif et direct sur ce taux. L’application de cette nouvelle approche a déjà commencé le 19 juillet dernier.
Tous les trois mois la Banque Centrale se fixera un objectif relatif à la masse monétaire en circulation et cela, en retour, déterminera si le taux d’intérêt accuse une hausse ou une baisse sur le marché financier. Cet objectif qui est fixé depuis ce troisième trimestre doit en principe avoir un effet baissier sur le taux d’intérêt des prêts. Cela signifie, pour les individus, que le montant du remboursement du prêt devrait diminuer, et pour les entreprises que l’accès au crédit deviendra beaucoup plus abordable. Ce qui est en soi un encouragement à l’investissement.
Evidemment une telle politique monétaire plus ‘souple’ est grosse du risque d’augmenter la consommation individuelle. Et la seule façon de minimiser ce risque, c’est d’observer une certaine prudence en privilégiant l’investissement plutôt que la consommation. Après tout, ce sont tous les individus pris ensemble qui forment une nation, tandis l’ensemble des entreprises et services pris ensemble forment une économie. C’est dire, en d’autres termes, qu’il est fait appel au sens de responsabilité de chacun de nous qui, en la matière, est autant individuel que collectif.
Ce qui est important, c’est qu’au niveau des banques, le secteur productif doit être privilégié, en matière de crédit, d’autant que l’investissement joue un rôle important dans la croissance inclusive qui, à son tour, apporte de l’oxygène au développement des autres secteurs.
J’encourage les individus aussi à faire autant que possible de nouveaux investissements qui seront prêts en aout. Je le dis parce que dans une petite économie comme celle des Seychelles qui dépend énormément de l’importation, l’augmentation de la consommation a un effet multiplicateur sur l’importation, ce qui entraine par ricochet une grande pression sur la masse de devises étrangères. Une augmentation de la demande de devises estrangères entraine une augmentation du prix des marchandises et des services, et en conséquence, une augmentation du coût de la vie.
Pour faire en sorte que l’augmentation des prix n’atteigne pas un niveau alarmant, la Banque Centrale aura besoin d’ajuster sa politique monétaire de manière à rester en adéquation avec son objectif principal qui est de veiller à ce que les prix restent à un niveau raisonnable.
Monsieur le Président, le but de la révision de cette politique monétaire est de booster l’investissement dans l’économie et par la même occasion maintenir une situation macroéconomique bien stable. Aussi je lance un appel au secteur privé afin qu’il fasse en sorte que les bénéfices générés par cette révision de la politique monétaire rejaillissent sur les consommateurs et contribue à réduire le coût de la vie.
Monsieur le Président, le Gouvernement continuera à renforcer son partenariat avec tous les secteurs et opérateurs économiques. Pour que le secteur privé planifie bien et établisse un plan stratégique, il faut qu’il soit bien fixé et ait des certitudes avec la direction économique du pays. Comme annoncé, le Gouvernement commencera à élaborer une Vision 2032 et une Stratégie de Développement National 2018-2022. Une fois cette Vision et cette Stratégie adoptées, la voie sera plus claire pour indiquer exactement où les Seychelles se dirigeront à long terme et comment cette vision sera mise en œuvre ensemble.
Monsieur le Président, en mai dernier, j’avais promis de donner plus de détail sur le concept KIS – Keep It Simple, (Faire simple). En effet, en simplifiant les procédures et formalités, nous rendons la vie plus facile à tous les entrepreneurs et à tous ceux qui dépendent des services du gouvernement. Cela nous permettra, par exemple, de collecter plus de revenus en taxe sans recourir à une augmentation. L’objectif est donc de simplifier les procédures de perception et rendre le système plus juste dans tous les secteurs.
Monsieur le Président, nous n’avons pas pu disposer de suffisamment de temps pour bien élaborer un système complet, discuter avec le secteur privé de l’impact des nouveaux changements, et faire les amendements légaux nécessaires afin qu’il puisse entrer en vigueur en 2018.
Dans ce contexte, permettez-moi d’annoncer, Monsieur le Président, que cette année il n’y aura aucune augmentation de taxes, ni des frais, ni des commissions. Cette décision est importante dans la mesure où elle renforcera les certitudes du secteur privé à garder sa confiance en l’économie nationale, et lui permettra de mieux planifier ses opérations, ce qui en retour impactera l’économie du pays.
Monsieur le Président, le Ministre des Finances présentera le Budget 2018 en octobre prochain. Une date que vous avez fixée vous-même, et au cours de laquelle le concept ‘KIS’ sera présenté.
Monsieur le Président, tous les secteurs ont leur importance dans l’économie nationale. Cependant, je voudrais m’appesantir sur deux secteurs en particulier dont est tributaire notre sécurité alimentaire. Ce sont l’agriculture et la pêche. C’est au gouvernement qu’incombe la responsabilité de faire en sorte que ces secteurs disposent des infrastructures nécessaires pour atteindre un haut niveau de production. C’est donc pour cette raison que le Gouvernement a décidé de créer, à partir de Janvier 2018, un Fonds Spécial de 50 millions destiné au développement de ces infrastructures. Une équipe sera mise en place afin de se consacrer exclusivement à la réalisation des projets financés par ce Fonds Spécial.
Monsieur le Président, le Gouvernement s’est rendu compte de la nécessité d’augmenter le niveau d’intervention des agences vis-à-vis des opérateurs qui exercent dans ces deux secteurs. De même qu’il est important que les agences et l’autorité qui travaillent avec ces secteurs disposent des ressources et de la main d’œuvre requises pour en assurer le développement.
Monsieur le Président, le Gouvernement vous assure de cet engagement que là où il y a la pauvreté réelle, il s’en occupera de façon exhaustive. Le travail effectué par la Task Force de Corgate Estate (Force d’Intervention) en est le témoignage, et il se fonde sur un partenariat solide. Il ressort de cette expérience qu’il est nécessaire de revoir notre politique en la matière, améliorer nos programmes et services et changer également notre approche en matière d’assistance. Une approche plus coordonnée s’avère nécessaire. Une approche centrée sur les citoyens et tendue vers l’élévation du niveau de vie de nos familles. Ce qui me parait sûr, Monsieur le Président, c’est que l’Agence de protection sociale doit renforcer ses moyens afin que son assistance ne se limite pas à une action financière ponctuelle, mais soit également l’objet d’un suivi et d’un accompagnement de la famille. Le Ministère de la Famille aura à cet égard, un rôle important à jouer, au fur et à mesure que nous changerons d’approche et de politique. Nous ne pouvons et ne devons laisser personne à l’abandon. La dignité de chacun de nos citoyens doit être, à tout prix, sauvegardée.
Monsieur le Président, indépendamment de ce que le Gouvernement est en train de faire afin que l’assistance sociale soit mieux coordonnée, il apparait nécessaire de revoir à la hausse le montant de l’assistance financière qui est offerte. Et ceci prendra effet à partir du 1er 2017.
Monsieur le Président, nous ne pouvons évoquer la situation sociale et la préservation de la dignité de tout un chacun, sans nous pencher aussi sur la question du logement. Cette dernière situation a atteint un niveau critique. En plus des mesures que j’ai annoncées en février dernier et qui sont en train d’être appliquées, je voudrais dire à l’Assemblée que nous avons décidé de mettre à la disposition du secteur privé l’espace nécessaire pour la construction de 250 appartements à Persévérance. Cette mesure témoigne de la volonté du Gouvernement de se concentrer sur la construction de logements, aussi bien dans les districts que dans les régions.
Monsieur le Président, suite à mes entretiens avec le gouvernement des Emirats Arabes Unis, il y a eu un engagement pour la construction de 400 appartements répartis sur Mahé, Praslin et La Digue.
Tous ces efforts sont engagés afin d’augmenter le parc de logements à mettre à la disposition de nos citoyens dont un grand nombre a déjà fait beaucoup de sacrifices et attend depuis longtemps.
Monsieur le Président, ce problème de logement est à l’origine de beaucoup de nos problèmes sociaux. Je comprends parfaitement la situation du peuple, mais je peux l’assurer que beaucoup d’efforts seront mis en œuvre pour résoudre cette situation.
Monsieur le Président, je reconnais qu’il y a une nécessité de mettre de l’ordre dans l’allocation des terres du Gouvernement. L’Assemblée a déjà discuté des domaines réservés à l’agriculture et je demande au nouveau Ministre qui a la charge de ce secteur d’y mettre une fois pour toute de l’ordre. En ce qui concerne les terres qui relèvent de l’Autorité Industrielle, c’est à cette dernière qu’incombe désormais la responsabilité d’en assurer la distribution dans la Zone industrielle. Nous apporterons des amendements à la loi afin qu’elle soit conforme à cette nouvelle politique. Ces amendements incluront également une disposition prévoyant le recours à l’appel. Avant qu’aucune terre du gouvernement donnée en bail à un individu ou à une compagnie ne puisse être mise en vente ou faire l’objet d’un transfert, la personne physique ou morale qui en assure la jouissance, devra auparavant passer devant une Commission qui aura le mandat de faire des recommandations, avant qu’une décision finale soit prise par le gouvernement. Cette approche est conforme à la résolution adoptée par l’Assemblée nationale. Et je nommerai les membres de la Commission le 1er Aout prochain.
Monsieur le Président, la drogue est un problème de société. Elle affecte la santé de notre peuple. Elle provient parfois d’un problème dans la famille. Elle menace la sécurité nationale de notre pays. Et elle est liée au crime organisé dans la région. Nous sommes une petite population et en tant que masse de travailleurs - pilier de la société - nous devons résister à ce fléau qui a tout le potentiel de nous détruire.
La solution est avec nous tous. Et nous devons adopter une approche plus coordonnée dans cette lutte. La nouvelle équipe de NDEA est en train de faire son travail. Elle mérite notre soutien. Et nous ne devons pas nous immiscer dans son travail. Le Gouvernement a élaboré un nouveau projet de loi permettant la création d’une Agence spéciale qui regroupera tous les partenaires et représentants des ministères et organismes clés. Son mandat sera de les regrouper afin de s’occuper de la prévention et la réhabilitation des victimes sans oublier l’éducation et les informations nécessaires que le peuple doit avoir sur la drogue.
Monsieur le Président, la réalité politique nous montre qu’un nouveau Député de l’Assemblée Nationale arrive, un autre s’en va ; un nouveau Chef de l’Opposition arrive et un autre s’en va ; un nouveau Dirigeant des Affaires du Gouvernement arrive et un autre s’en va. Il en est de même du Président de l’Assemblée, un nouveau arrive et un autre s’en va. Un Président arrive, et un autre s’en va. Mais ce qui demeure important, c’est de voir chacun de nous exercer ses responsabilités en accord avec le serment qu’il a prêté. Nous devons faire notre travail de façon honnête et sincère, mettre l’intérêt des Seychelles et ceux de la nation au-dessus de toute autre considération. Et travailler dur pour les Seychelles. Nous devons rester les serviteurs du peuple Seychellois.
Nous sommes en train d’écrire un nouveau chapitre, un chapitre plein de promesses pour notre pays, pour une Seychelles où nous œuvrons ensemble afin de surmonter les défis. Une Seychelles où les divergences d’opinion sont respectées; une Seychelles qui nous rassemble tous, malgré nos différences. Une Seychelles où chacun a le sentiment de vivre libre et fier. Une Seychelles qui inspire en chacun de nous ce qui est bon pour autrui.
En somme, une Seychelles qui restera toujours plus grande que nous tous !
Merci Monsieur le Président !