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Conversation francophone sur le thème de la corruption à Paris - Le Président Ramkalawan lance les débats comme Invité d'honneur

Le Président de la République, Monsieur Wavel Ramkalawan était l'invité d’Honneur de la Conversation francophone organisée ce jeudi par la Secrétaire générale de la Francophonie, S.E. Mme Louise Mushikiwabo, sur le thème: « La lutte contre la corruption: œuvrer pour une gouvernance intègre et transparente au service des populations».

C’est la Secrétaire générale de la Francophonie qui a donné le coup d'envoi de cette Conversation qui s'est déroulée au siège de l’OIF à Paris en format hybride avec une partie virtuelle et la participation de représentants des 88 pays membres et gouvernements,  des hautes personnalités ainsi que les acteurs de la Charte de la Francophonie et des Réseaux institutionnels de la Francophonie.

Dans son allocution inaugurale qui avait été préenregistrée, le Président Wavel Ramkalawan a souligné l’importance de la Conversation Francophone qui offre un schéma d'échanges et de réflexions permettant aux membres de conjuguer leurs efforts pour parvenir à une solution durable sur des thématiques d’intérêt commun, à l’image de celui de la lutte contre la corruption, un sujet auquel il dit attacher une grande importance.

"Aujourd’hui, la corruption est un phénomène qu’on ne présente plus. Elle existe partout, à des degrés divers, dans les pays les moins développés, comme dans les pays développés. Elle se manifeste sous des formes multiples comme le favoritisme, le clientélisme, la concussion, les pots de vin, le détournement des deniers publics etc, etc… Elle touche de nombreux secteurs, qu’ils soient publics ou privés. Elle peut concerner ou impliquer le citoyen ordinaire, comme elle peut concerner le fonctionnaire subalterne ou des agents très haut placés dans les structures de l’Etat", a-t-il dit avant d'ajouter.

"La corruption est un mal qu’il faut combattre à tout prix, parce qu’elle inflige un coup très élevé à nos sociétés, financièrement, politiquement, économiquement et moralement. Elle ronge les rouages des institutions publiques. Elle mine la confiance des citoyens, dilue les efforts d’aide envers les plus démunis. Elle creuse les inégalités sociales, sape les fondements de la démocratie et freine l’énergie des entrepreneurs. Elle brise les rêves des uns, gâche la vie des autres et plombe les perspectives de vie de millions de personnes, qui sont souvent les plus démunis et les plus vulnérables. "

"La corruption, a poursuivi le président seychellois, réduit la portée des grands desseins comme les Objectifs de développement durable ou la Déclaration des droits de l’Homme, dont on vient de célébrer les 75 ans. Elle amplifie les effets des fléaux tels que les inégalités économiques et injustices sociales, le changement climatique ou les conflits armés.  Elle est un terreau dans lequel se nourrit le crime organisé. Elle gangrène les sociétés et vide la citoyenneté de tout sens.'

Il a saisi l'occasion pour partager l’expérience seychelloise et a fait ressortir que le modèle seychellois de lutte anti-corruption renfermait essentiellement 4 éléments: la volonté politique, l’architecture institutionnelle, les engagements internationaux et le soutien de la population. Dans ce contexte il a attiré l'attention sur les valeurs fondamentales qui sont inscrites dans des textes comme l’Agenda 2030, la Convention des Nations unies contre la Corruption et celle de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption qui doivent servir comme éléments de référence et d'orientation.

«Il me faut à cet égard rappeler que nous sommes à mi-parcours de la date butoir pour la réalisation des ODD, et à la veille de la commémoration du 20ème anniversaire de l’entrée en vigueur des deux conventions précitées. C’est donc le moment opportun pour mesurer notre niveau d’adhésion à ces grands textes parce que les Etats les ayant signé et ratifié ont un devoir moral de les appliquer

Pour ce qui concerne les Seychelles, nous adhérons à l’Agenda 2030 et nous sommes parties aux deux conventions précitées. Nous nous sommes inspirés des trois textes dans l’élaboration de notre loi contre la corruption promulguée en 2016. Cette loi, qui est notre principal outil juridique dans la lutte contre la corruption, a été amendée en 2022 pour être alignée sur le Code pénal, la loi contre le blanchissement de l’argent et celle contre le financement du terrorisme. Sous cette loi a été créée la Commission anti-corruption, a-t-il précisé.

Selon le Président, "cette loi est le résultat d’une volonté politique dont je peux fièrement dire que j’en suis l’instigateur quand j‘étais encore le chef de file de l’Opposition à l’Assemblée nationale. Cette volonté politique émane du désir pour le changement politique exprimé aux élections d’octobre 2020 qui ont conduit au renversement de l’ancien régime et m’ont porté au pouvoir. A la faveur de cette marque de confiance de la part de la population qui nous a propulsé au pouvoir, mon gouvernement a mis la lutte contre la corruption au centre de son action, a-t-il expliqué.

Et poursuivant sa réflexion, Il a poursuivi : "C'est dans ce contexte que nous avons amendé la loi contre la corruption en 2022 pour la rendre plus efficace. Dans ce nouveau climat politique, la Commission anti-corruption a mené des investigations qui ont débouché sur l’arrestation et la détention de plusieurs hautes personnalités liées à l’ancien régime dans la plus grosse affaire de corruption dans le pays : à savoir le détournement de la somme colossale de 50 millions de dollars américains."

Le Président Ramkalawan a indiqué que cet immense progrès dans la lutte contre la corruption bénéficie du soutien de la population, de la jeunesse en particulier.

"Si la jeunesse s’est révélée un partenaire stratégique dans la lutte contre la corruption, le numérique s’est également avéré un outil indispensable, surtout dans les mains de la Commission nationale contre la corruption, et les journalistes d’investigation. En effet, le numérique a été très utile pour naviguer dans les méandres des artifices construits par les malfaiteurs pour faire disparaitre les traces de l’argent détourné", a-t-il dit.

Le Président a conclu son intervention en soulignant l'impérieuse nécessité de lutter en permanence contre la corruption et la volonté des Seychelles de s'ancrer dans cette voie.

"Les Seychelles s'engagent résolument dans cette voie, conscientes que seule une action concertée et soutenue permettra de préserver l'équité, la justice et le bien-être de tous. Ensemble, unis dans cette lutte, nous construirons un avenir où la transparence, l'intégrité et la confiance seront les piliers de notre société. Merci à tous ceux qui s'investissent dans cette noble cause, et que notre détermination demeure inébranlable pour un avenir plus juste et équitable pour tous", a-t-il dit.

A noter que les membres du panel de haut niveau étaient les suivants:

- La Secrétaire générale de la Francophonie, S.E. Mme Louise Mushikiwabo

- Le Président des Seychelles, S.E. M. Wavel Ramkalawan,

- Les échanges ont été modérés par la journaliste, Denise Epoté.

- Intervenants: SE Prof. Anastase SHYAKA, Ambassadeur du Rwanda en Pologne; M. Stéphane LEYENBERGER, Administrateur principal au Secrétariat du Groupe des Etats contre la corruption (GRECO) du Conseil de l’Europe ; Mme Marianne SAGHBINI, une jeune étudiante engagée ayant participé à la restitution de la Consultation de la jeunesse sur les ruptures de la démocratie en Afrique francophone (le 25 octobre 2023) et les Représentants de l’ONUDC, des Etats et gouvernements, de l’APF et des Réseaux institutionnels de la Francophonie